quarta-feira, 14 de julho de 2010

INTERVIEW BILL MESSNER-LOEBS

Entrevista deletada da Internet em francês. ( ótima pra incriminar o autor dos retcons espúrios que vandalizaram a continuidade da Wonder Woman durante oito anos.

C’est à Manchester, au cours de ce qui allait être la dernière UKCAC, que nous avons rencontré Bill Messner-Loebs, le créateur de JOURNEY et BLISS ALLEY, et le scénariste, entre autres, de FLASH, WONDER WOMAN, DR. FATE, et plus récemment du graphic novel Elseworlds WONDER WOMAN : AMAZONIA. Il a bien voulu répondre à nos questions, et sa carrière est si riche que j’ai dû, pour la première fois, retourner ma cassette en cours d’interview pour ne rien perdre.



HEROES: Commençons par la question traditionnelle: comment avez-vous débuté dans la bande dessinée?

Bill MESSNER-LOEBS: En fait, j'ai débuté en deux temps. J'avais en fait essayé de rentrer dans la bande dessinée pendant à peu près dix ans, sans beaucoup de succès, et en l'espace de quelques semaines, on m'a demandé de faire une histoire courte pour BIZZARRE SEX COMICS, chez Kitchen Sink, et une histoire en back-up pour CEREBUS THE AARDVARK; Mon histoire pour BIZARRE SEX s'appelait REX MASON, BOY TRANSVESTITE, et mon histoire pour CEREBUS était WELCOME TO HEAVEN, DR. FRANKLIN. Et je pense qu'elle a été suffisamment bien reçue pour que l'on me demande si je voulais faire une série régulière. Je crois que ce qui s'est passé, c'est que Denny essayait de solliciter ces histoires de complément pour CEREBUS sur une base régulière, et elle essayait d'en avoir une réserve, mais ils les utilisaient tellement vite que, quand on en est venu à moi, à chaque fois on commençait par me dire que c'était une histoire en trois parties, puis quand j'arrivais à la seconde partie, elle me demandait si je voulais en faire une histoire en quatre parties, et quand j'en arrivais à la troisième partie, si je voulais en faire une histoire en cinq parties. J'ai été là plus longtemps que n'importe qui pendant qu'elle rassemblait du matériel, et je pense que c'est une des raisons pour lesquelles les gens ont aimé cette histoire, qui était WELCOME TO HEAVEN, DR. FRANKLIN.

HEROES: Et de quoi parlait cette histoire?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, Benjamin Franklin meurt, va au ciel et découvre que Marc Aurèle est Dieu, et qu'il est fou, et c'est la raison pour laquelle les choses vont si mal. Donc, Benjamin Franklin doit renverser Dieu, et établir une démocratie républicaine.

HEROES: Au Paradis?

Bill MESNER-LOEBS: Oui!



HEROES: Ensuite, vous avez commencé JOURNEY. Comment avez-vous démarré sur ce projet?

Bill MESSNER-LOEBS: Comme WELCOME TO HEAVEN, DR. FRANKLIN avait été si bien reçu, on m'a demandé de faire ma propre série. Et j'ai commencé à jouer avec l'idée d'un personnage de pionnier. Je l'avais dessiné dans mes carnets de croquis depuis un moment. Et il y avait deux choses qui me le recommandaient. La première, c'est qu'un pionnier a le même genre de caractère mythique qu'un super-héros, les gens s'identifient immédiatement avec lui, et savent exactement ce qu'il représente. Et son arrière-plan est presque entièrement fait d'arbres, au lieu d'immeubles. Et je savais qu'à l'époque, si je devais dessiner des immeubles, cela me prendrait une éternité. Cela me permettait donc de dessiner un arrière-plan un peu stylisé, et d'avoir quand même un certain niveau de réalisme.

HEROES: Puisqu'on en parle, quel genre de recherche avez-vous faites pour cette série?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, j'ai fait des recherches sur la période, bien qu'à l'origine, j'avais l'intention de placer la série dans les années 1830. Mais j'ai réalisé que le Michigan était trop peuplé à ce moment-là, mais c'est la raison pour laquelle Johnny Appleseed (1) et Edgar Alan Poe apparaissent: ils étaient contemporains de ce qui devait être la version de 1830. Puis je l'ai repoussé à 1810, ce qui le rapprochait de la Révolution Américaine, et me permettait d'avoir tous ces révolutionnaires et Hessois (2) d'âge moyen qui se promenaient dans le coin.



HEROES: Après ça, vous avez eu votre grand début chez DC. Comment cela a-t-il commencé?

Bill MESSNER-LOEBS: En fait, il y a eu une transition. La première série que l'on m'ait demandé de faire, c'était JOHNNY QUEST pour Comico. Et à nouveau, je crois que j'ai eu une situation très heureuse, par le fait que le concept de la série était qu'il y aurait plusieurs artistes qui se relaieraient, et un seul scénariste. Donc, pendant la première année, il n'y avait pas un artiste qui se concentrait sur JOHNNY QUEST, mais un scénariste, et c'était moi. C'était une bonne situation qui me permettait de construire ma carrière. On a commencé à me connaître comme le scénariste de JOHNNY QUEST, et c'est là que Mike Gold m'a connu. Et il m'a demandé de dessiner un épisode de WASTELANDs, qui était une anthologie d'histoires d'horreur psychologique, et j'en faisais une chaque mois. Et je lui ai demandé: "Est-ce que je ne pourrais pas écrire quelque chose à la place, parce que ça me prend trop de temps?". Ça lui est resté dans la tête, et quand Mike Baron a quitté FLASH, il m'a demandé de le remplacer.

HEROES: Parlant de JOHNNY QUEST, avez-vous rencontré Doug Wildey, le créateur de la série?

Bill MESSNER-LOEBS: Oh oui, je l'ai rencontré une fois. Il aimait mes histoires d'aventures régulières. Il n'était pas très enthousiasmé par mes histoire à thème plus sérieuses. Et il détestait celles où apparaissait Bandit (3), parce qu'il détestait Bandit. Il avait fait deux ou trois couvertures peintes pour la série, et il me faisait remarquer avec une joie certaine, à un moment, que toutes ses couvertures montraient les personnages de JOHNNY QUEST avec de l'eau jusqu'à la taille, et il disait: "Vous savez où se trouve Bandit? Il est sous l'eau!"

HEROES: FLASH était un grand changement par rapport à ce que vous aviez fait avant.

Bill MESSNER-LOEBS: Oui, bien sûr. C'est vrai que je n'avais jamais écrit de séries de super-héros avant, mais quand on a grandi en lisant des comics, la plupart des bandes dessinées que j'ai lues étaient des bandes dessinées de super-héros, quoi que je puisse écrire. Et en fait, je lisais des comics quand on a fait revivre FLASH. Je me rappelle avoir vu les publicités avant que la série ne sorte.



HEROES: Puisqu'on en parle quelles ont été vos principales influences dans l'écriture et le dessin?

Bill MESSNER-LOEBS: Je crois que ma plus grande influence, ça a été THE SPIRIT, de Will Eisner. Et j'ai aussi été influencé par les histoire de GREEN LANTERN/GREEN ARROW qu'ont faites Neal Adams et Denny O'Neil.

HEROES: Un des problèmes avec les personnages à super-vitesse comme Flash, c'est qu'ils peuvent tout faire très rapidement. Comment avez-vous surmonté ce problème?

Bill MESSNER-LOEBS: Vous avez raison, c'est le problème que l'on a. Ce n'est pas simplement le fait qu'il va plus vite que n'importe qui, c'est qu'il peut contrôler le temps. Si on voit un film, par exemple, tout ce qui crée le suspense dans un film est pratiquement basé sur les notions de temps et d'espace. Vous appelez quelqu'un qui est à l'autre bout de la ville, et vous l'entendez crier, et il faut une heure et demie pour traverser la ville. Soudain, il y a un conflit dans l'histoire. Alors que si Flash entend quelqu'un crier à l'autre bout de la ville, il y va, et il n'y a pas de suspense. Et je crois que c'est la principale raison pour laquelle, même si tous les fans manifestent pour le retour de Barry Allen, le Flash idéal, aucun scénariste ne veut qu'il revienne, parce qu'il est intelligent, il est capable, il est expérimenté, et il n'y a absolument aucun conflit là-dedans. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai gardé Wally un peu bête, parce que les gens ne s'attendraient pas à ce qu'il utilise sa super-vitesse d'une façon intelligente pour résoudre un problème, il devrait vraiment se battre pour y arriver. C'est pour ça qu'on a Impulse, maintenant, qui se jette dans les ennuis et en ressort continuellement, et à nouveau, il apprend à utiliser sa super-vitesse. une fois qu'on a appris à l'utiliser, on est Dieu.

HEROES: Puisqu'on parle d'IMPULSE, comment avez-vous démarré sur ce projet?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, je n'avais pas de boulot, et Mark Waid en avait trop. Et il m'a demandé si je voulais prendre sa place sur la série. C'était simple, il avait pris ma place sur FLASH, il était plaisant, et l'editor que j'avais sur IMPULSE était celui que j'avais eu sur WONDER WOMAN, donc, c'était un retour au foyer pour moi. De plus, quand on travaille sur des super-héros, on n'a pas toujours la chance de faire quelque chose qui soit drôle, et c'est donc agréable de faire quelque chose qui ressemble à une série d'humour.



HEROES: Qu'est-ce qui va arriver à Bart, maintenant?

Bill MESSNER-LOEBS: Nous faisons maintenant une série d'histoires complètes, liées au temps, et au fait qu'il y a eu tous ces déversements de produits toxiques. Ce qui arrive, c'est qu'une grande famille criminelle de New York prend en charge l'élimination des déchets toxiques, et les dépose dans des endroits à l'intérieur du pays qui 'ont pas beaucoup de forces de police, et trop de territoire à surveiller. C'est un problème vraiment sérieux. Et ils le font à Manchester, en Alabama, où se déroule la série, et Bart est impliqué dans cette guerre entre deux familles criminelles rivales, et le Trickster, qui a évolué en une sorte de personnage à la Simon Templar, le Saint, dans une série d'escroqueries.

HEROES: Vous avez travaillé pour la ligne !MPACT, qui a échoué. Comment cela a-t-il commencé?

Bill MESSNER-LOEBS: !MPACT était intéressant parce que, nous ne le savions pas à l'époque, mais ce que nous essayions de faire, c'était créer Image Comics. DC avait acquis ces personnages de chez Archie, et l'idée, c'était de créer une ligne plus jeune de super-héros, de façon à amener de nouveaux gosses dans le marché. On s'est réuni en symposium, à White Plains, dans l'état de New York, et nous avons essayé de créer ce nouvel univers avec les personnages d'!MPACT, en quelque chose que les gosses aimeraient. Ce qu’il m'a semblé à l'époque, bien que ce fut difficile à exprimer, c'est que nous étions des gens de 30 à 40 ans, assis autour d'une table, et essayant de dire à des gamins ce qu'ils allaient vouloir voir, et nous faisions plus des personnages dont nous pensions qu'ils les aimeraient plutôt que des personnages qu'ils aimeraient vraiment. Parce que ce qui s'est passé, c'est que quand Image est arrivé, on a vu que ce que les gosses aimaient, c'étaient des gars de deux mètres quarante de haut, avec de gros flingues, comme dans les jeux vidéos. Alors, même si j'ai aimé ce que nous avons fait dans cette ligne, nous n'avons jamais semblé accomplir ce que nous avions voulu accomplir.

HEROES: C'est peut-être une des raisons pour lesquelles ça a échoué.

Bill MESSNER-LOEBS: Oui, je crois. Je pense qu'inconsciemment, nous essayions d'écrire plus jeune. Ça ne marche jamais vraiment. Les gens me posent des questions sur IMPULSE. Je le vois plus comme une série humoristique que comme une série pour les jeunes. Et je crois que les gosses préfèrent lire des comics écrits pour des adultes plutôt que des comics écrits pour des gosses.

HEROES: Il y avait aussi l'histoire de ces personnages, qui ont été considérés comme les pires super-héros de tous les temps.

Bill MESSNER-LOEBS: Oui. Nous avons gardé en quelque sorte l'histoire de certains de ces personnages, et nous avons changé complètement certains autres. Mon personnage, THE JAGUAR, avait été un archéologue, et on m'a demandé d'en faire un nouveau personnage, y compris en changeant ses pouvoirs, et tout le reste. C'était amusant. Ce que j'ai fait, c'était de l'écrire en quelque sorte comme BETTY & VERONICA (4), avec le Jaguar comme la gentille Betty, et un personnage à la Veronica, blonde et garce comme son adversaire, qui si l'histoire avait continué, aurait évolué en une sorte d'aide de camp (5). Et en fait, j'ai tellement aimé cette idée que je l'ai réutilisé pour MAXIMAGE, pour Image, quand on m'a demandé d'écrire cette série.

HEROES: Passons maintenant à DR. FATE. Vous avez fait un certain nombre de changements dans cette série.

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, j'en ai fait certains, et d'autres étaient déjà en place au moment où je suis arrivé. Il y avait eu une mini-série de DR. FATE avant celle-ci dans laquelle ils avaient en quelque sorte remballé les vieux personnages. Et personne ne savait exactement où ils voulaient aller à partir de là. Et ils ont finalement décidé qu'Inza devait devenir Dr. Fate. Alors, c'est ce que j'ai fait. Je n'ai donc pas choisi de faire cette partie, même si j'étais certainement d'accord. Ça arrive assez souvent dans les comics. Le freelancer ne prend pas toutes ces décisions sur la façon dont la série va se dérouler, ce sont les editors qui ont déjà décidé de la direction que va prendre la série, et ensuite ils cherchent quelqu'un qui soit compatible avec ces décisions. Et ça a certainement été le cas avec DR. FATE. Il me semblait qu'ils avait ce grand personnage mystique, et ils avaient porté le mysticisme aussi loin qu'ils le pouvaient avec la mini-série, et la série continue. Et en fait, le scénariste qui faisait la série avant moi, J.M. DeMatteis, avait demandé que la plupart des personnages secondaires, surtout les personnages mystiques quasi-divins qu'il avait créés ne soient pas utilisés par quelqu'un d'autre. Alors, quand je suis arrivé, j'ai dit: "Dans ce cas, j'aimerais faire des histoires plus réalistes pour marquer le contraste avec cette puissance cosmique." Que feriez-vous vraiment si vous étiez une vraie personne avec tous ces pouvoirs cosmiques incroyables à la Dr. Strange ? En fait, j'aimais beaucoup les histoires de DR. STRANGE qu'avait faites Ditko au tout début, quand il n'allait pas se battre dans d'autres dimensions et ne faisait qu'arrêter des voleurs de banques. Parce que quand on a un vrai sens de l'étendue de ces pouvoirs, on a tellement de numéros de DR. STRANGE dans lesquels lui et le Baron Mordo sont plongés dans une bataille cosmique, et leurs pouvoirs s'annulent, et ils ne font que se regarder case après case, pendant que des forces cosmiques se déchaînent à quelques centimètres de leurs fronts. Et pour moi, ça n'avait qu'un potentiel limité de distraction. Et quand on a ces grands pouvoirs, le héros dit: "Même si j'ai ces grands pouvoirs, je ne vais pas trop me mêler des affaires humaines", ce qui le met à l'abri des questions difficiles. Mais j'ai pensé que ce serait amusant de montrer pourquoi ce serait une mauvaise idée de faire ça, ou au moins pourquoi c'est compliqué. Une de mes séquences préférées, c'est quand Dr. Fate rencontre un gars sous l'emprise de la drogue, et qu'elle lui enlève sa dépendance. Elle le presse comme un tube de dentifrice, et sa dépendance à la drogue sort de lui sous forme de lézards et de serpents. Ce genre de choses étaient amusantes.

HEROES: J'avais beaucoup aimé le passage où elle changeait les députés en batraciens (rires)

Bill MESSNER-LOEBS: Oui, on a pu ainsi faire une histoire politique. Je pense que DR. FATE était aussi très amusant parce que je pouvais parler des gens ordinaires espérant résoudre des problèmes, et aussi parce qu'on voyait ce personnage puissant qui arrivait et disait à tout le monde ce qu'il fallait faire. Quand j'ai amené ce Seigneur de l'Ordre sous la forme d'un cadavre en putréfaction, c'était en quelque sorte ma plaisanterie sur ces guides psychiques que l'on voit dans les comics, vous savez, ce genre de personnage très puissant qui arrive et dit continuellement au héros ce qu'il faut faire.



HEROES: Pourquoi la série s'est-elle arrêtée?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, nous étions juste au dessus de la surface, juste au dessus de la limite à laquelle une série doit s'arrêter depuis que j'avais débuté. J'avais été capable d'arrêter le déclin, mais pas vraiment de le renverser. Et ils voulaient que la série devienne plus comme une série Vertigo, même si nous ne savions pas trop ce que ça voulait dire à l'époque. Ils voulaient que ça devienne plus mystique, un peu plus sombre. J'ai en fait écrit quelques histoires comme ça, et ils les ont toutes détestées. J'ai simplement décidé d'arrêter, à ce moment-là, j'écrivais l'équivalent de cinq séries, et j'allais m'occuper de WONDER WOMAN. C'est pour ça que j'ai décider de laisser tomber DR. FATE, et d'arrêter FLASH, en sachant que Mark Waid serait là pour reprendre cette série. Et j'écrivais aussi trois autres séries, sans savoir à ce moment-là qu’elles allaient toutes être arrêtées, et je me suis retrouvé avec seulement WONDER WOMAN.

HEROES: Parlant de WONDER WOMAN, comment avez-vous débuté sur ce projet?

Bill MESSNER-LOEBS: J'avais fait une histoire dans laquelle elle rendait visite à Dr. Fate, et l'editor avait aimé ma façon de traiter le personnage. Alors, quand George Pérez est parti, il m'a demandé si je voulais reprendre la série. Et c'est ce que j'ai fait.

HEROES: Vous avez fait subir un certain nombre de changements à Wonder Woman, entre autres en la faisant travailler dans un fast food.

Bill MESSNER-LOEBS: Oui, j'ai fait ça. Des fans de Wonder Woman m'ont dit qu'ils seraient prêts à marcher sur du verre pilé pour m'arracher la gorge avec les dents pour lui avoir fait ça. Ils pensaient que j'essayais de la rendre ordinaire. Mais moi, je pensais que je la montrais sous un bon jour, surtout parce que jusque là, on l'avait montré comme étant un peu au-dessus de tout ça. Elle passait et donnait des conseils aux gens, et n'avait jamais de problèmes personnels. Donc, en la coupant de l'Ile du Paradis, et en la forçant à gagner sa vie, et en montrant qu'elle était capable de le faire, je pensais que j'en avait fait une meilleure personne. Mais ils n'ont pas toujours été d'accord.



HEROES: Une des choses que j'ai le moins aimé était votre petit manque de considération en ce qui concerne la continuité de la série, notamment en ce qui concerne la date de la mort de Diana Trevor.

Bill MESSNER-LOEBS: Oh oui. Je l'ai surtout fait à l'époque de l'arc "The Contest". Quand on essayait de faire l'origine de Wonder Woman d'une façon sérieuse, on avait toujours un sérieux problème. Essayer de faire marcher cette compétition était en soi une compétition. Vous avez cette île, peuplé d'une centaine de personnes, toutes des femmes qui se connaissent toutes, et celle qui a des super-pouvoirs arrive masquée, et gagne la compétition, et surprise, c'est Diana! Non, ça ne va pas. Ce n'est pas tant que je ne voulais pas tenir compte de la continuité, je voulais trouver un moyen de faire marcher cette compétition, en la faisant être élevée sans super-pouvoirs parce que l'île elle-même les annulerait, ce qui lui permettrait d'avoir un véritable entraînement en combat, et ainsi de suite, et ça voudrait dire quelque chose de gagner cette compétition. Ça ne veut rien dire si elle est née avec tous ces avantages. Je devais donc trouver un moyen de les lui faire en quelque sorte mériter.

HEROES: Et bien, il semble que John Byrne n'ait pas tenu compte de ça lui-même.

Bill MESSNER-LOEBS: Oh. Et bien, on doit trouver un moyen de faire de ces personnages les siens. Et c'est la raison pour laquelle on découvre que la plupart des scénaristes ne lisent pas les séries après qu'ils les aient quittées. On ne veut pas avoir une profonde connexion psychologique envers l'histoire, parce qu'on veut donner une chance à l'autre gars.

HEROES: Il semble y avoir eu quelques questions sans réponse après que vous soyez parti de la série, comme comment les Amazones étaient-elles revenues sur l'île, ce qui est arrivé après qu'Artemis soit morte, et ainsi de suite.

Bill MESSNER-LOEBS: Oui, je crois que John Byrne l'a fait voyager à l'autre bout du pays parce qu'il ne voulait pas s'occuper trop de ces questions. Comme je n'avais jamais eu de vraie raison de revenir, je n'ai jamais vraiment su pourquoi toutes ces choses étaient arrivées. Je ne me suis jamais posé la question de savoir ce qui était arrivé après mon dernier numéro.



HEROES: Vous avez aussi fait EPICURUS THE SAGE pour Piranha Press. Comment cette idée vous est-elle venue?

Bill MESSNER-LOEBS: J'y avais réfléchi depuis longtemps, en fait. Même quand j'étais enfant, quand on arrivait au moment où on discutait de mythologie grecque, j'avais trouvé que quand on lisait les mythes, ils étaient hilarants, et la même chose s'appliquait à la philosophie, et ça m'amusait beaucoup. J'avais donc toujours en tête que si je voulais faire une histoire drôle, ce serait une manière de le faire. Et l'editor, Mark (...) est venu me trouver et m'a dit: "Je voudrais faire quelque chose de complètement différent des super-héros ou de tout le reste, quelque chose dont vous pensez que ça ne pourrait pas être publié ailleurs". Et je lui ai parlé de cette idée de philosophes grecs bagarreurs. Et il a pensé que c'était exactement ce qu'il avait à l'esprit, mais que ça ne pourrait peut-être pas être publié. Mais ça s'est avéré être publiable, même si c'était limite. Le raisonnement de Mark, c'était qu'il ne voulait pas seulement publier des choses qui n'avaient jamais été publiées auparavant, mais il voulait aussi en publier certaines d'une façon qui n'avait jamais été faite avant, avec une très grande qualité de production, et ainsi de suite. Et en y repensant, je crois que ça a peut-être été une erreur, parce que ça a rendu certains de ces livres si chers qu'ils étaient vraiment durs à vendre, alors qu'ils avaient des concepts déjà si difficiles. On avait des livres de 48 pages qui se vendaient à 35 dollars à peu près. C'était plutôt cher. Ça aurait pu tout aussi bien marcher en noir et blanc, je crois, au lieu d'être dans ces couleurs chères. En plus, il a encouragé Sam Keith à le faire à deux fois la taille d'un comic book ordinaire, comme un comic book des années 40. Sam travaillait sur de grandes planches, et quand elles étaient réduite, vous aviez deux fois plus de négatifs, publiés sur du papier très cher pour bien faire ressortir les traits. A nouveau, tout est devenu ruineux. Et j'ai parlé aux gens de Paradox à ce sujet l'autre jour, parce que je ne peux pas faire quoi que ce soit avec si ils font déjà quelque chose. Ils ont le droit de premier refus. Et leur sentiment était: "Et bien, c'est trop cher de le faire comme on le faisait avant, et si on le fait à moindre coût, il semblera qu'on recule". Donc, je ne sais pas ce qui va arriver avec.

HEROES: Puisqu'on parle de Sam Keith, pourriez-vous nous dire comment est né THE MAXX?



Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, Sam et moi nous connaissons depuis des années, et nous avions toujours voulu faire quelque chose ensemble. Je connaissais Sam avant même qu'il ne devienne un artiste. Il avait commencé à travailler dans un certain style en pensant qu'il m'imitait, sans réaliser qu'il était bien meilleur que moi. Il disait toujours: "Tu sais, Bill, j'essaye de faire ce que tu fais, mais je suis loin d'être l'artiste que tu es", et je répondais: "C'est vrai Sam, mais continue d'essayer, tu y arriveras". On avait parlé de faire quelque chose, et quand il a été engagé par les gens d'Image pour devenir en quelque sorte le onzième gars d'Image, on devait faire une histoire en six parties dans une anthologie. Et nous avons fait deux de nos parties, mais Liefeld et Lee n'ont pas fait les leurs. Et Jim Lee en a eu beaucoup de remords, et il a dit, de cette manière qu'ils ont tous chez Image: "Comme j'ai des remords que tu n'aies pas pu faire l'histoire qu'on t'avait promise, pourquoi n'aurais-tu pas ta propre série?" Donc, c'est comme ça que ça s'est passé.

HEROES: Pensez-vous que la série animée de MTV ait rendu justice au personnage?

Bill MESSNER-LOEBS: Oh bon sang! C'était, comme on dit, géant! En fait, Je sentais que pour les premiers numéros du comic, nous n'avions pas exposé les choses aussi soigneusement que nous l'aurions dû. Je voulais avoir une autre chance de le refaire, mais ils voulaient faire l'adaptation la plus fidèle qui ait jamais été faite d'une bande dessinée, et ils ont fini par prendre les dialogues directement de la série. J'étais un consultant sur la série, ce qui voulait dire que j'ai écrit le premier épisode, comme un pilote de série télé, et j'ai essayé de paraphraser un peu et de rendre les choses un peu plus logiques. Et puis Sam m'a appelé, parce qu'il allait à Los Angeles toutes les semaines pour aider avec l'animation, et il m'a dit: "Tu sais, Bill, on fait le dernier épisode, et on a deux minutes à remplir. Et on se demandait si tu pouvais écrire ces deux dernières minutes." Et j'ai dit: "Je crois que je peux le faire". Et il a dit: "Pendant que tu fais ça, pourrais-tu expliquer la série entière, et le conclure d'une façon cohérente et satisfaisante, mais aussi laisser la fin ouverte au cas où ils voudraient renouveler la série pour la saison suivante? Et au passage, on en a besoin dans deux heures." C'est pour ça que Maxx parle au jardinier dans le dernier épisode de la série. C'était entièrement de ma faute.



HEROES: Parlons maintenant de votre dernier projet, AMAZONIA. Comment l'idée vous en est-elle venue?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, on m'avait demandé si je voulais faire un Elseworld sur WONDER WOMAN. Et j'essayais de trouver quelque chose qui aille avec le concept, celui-ci étant que Wonder Woman vient dans notre monde pour montrer aux hommes et aux femmes comment vivre ensemble, et pour combattre l'oppression des femmes par les hommes. Et dans la plupart des époques, dans la vie réelle, on n'a pas vraiment besoin d'un Elseworld pour montrer les femmes opprimées par les hommes. Donc, j'ai essayé de trouver un moyen pour qu'elles soient plus opprimées. En plus, je suis un grand fan de Sherlock Holmes, et Sherlock Holmes a combattu Jack l'Eventreur en cinq ou six incarnations différentes. Et tout le monde aime Jack l'Eventreur. Et je me suis dit:" Et bien voilà, pourquoi ne ferait-on pas ça?" Et pendant que je m'amusais à penser à ça, j'ai vu que dans beaucoup d'histoires, on parlait de Jack l'Eventreur comme d'un membre de la famille royale d'Angleterre, et ils disaient tous: "Oh mon Dieu, Jack l'Eventreur aurait pu devenir roi!" Et je me suis dit: "Et si on allait jusqu'au bout et qu'on le fasse vraiment devenir roi?" Maintenant, je n'ai pas complètement suivi cette idée, parce que je vis avec la plus grande anglophile au monde, et la plus grande amoureuse de la famille royale britannique vit sous mon toit. Et m'a femme m'a informé que notre mariage ne survivrait pas si je prenais le pauvre duc de Clarence, dont elle a prouvé, par pure et simple logique, qu'il n'aurait pas pu être Jack l'Eventreur, et elle n'allait pas le laisser calomnier. Et je ne vais pas le laisser calomnier. Et c'est comme ça que Jack l'Eventreur devient roi, même si il est en fait Américain. Et je suis toujours marié, et tout va bien dans le monde.

HEROES: Vous avez assombri le tableau sur le traitement des femmes à l'époque victorienne dans votre livre.

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, c'est ce que disent les gens, mais en fait, je n'ai même pas approché beaucoup des choses qui arrivaient réellement. J'ai montré des femmes qui portaient des petites chaînes de cérémonie, mais je n'ai pas montré de clitoridectomie, ou de femmes vendues dans la traite des blanches et étant violées en série, ou de femmes battues avec des bâtons. L'époque victorienne était intéressante, parce qu'il y avait les mêmes choses que nous avons. Il y avait aussi des mariages égaux, et il y avait des gens qui étaient larges d'esprit, et ainsi de suite, et on avait aussi ces gens incroyablement réprimés. Une des choses que je voulais faire, c'était d'amener certains des personnages mâles de l'époque, comme George Bernard Shaw, et Arthur Conan Doyle, et je voulais même montrer à un moment Doyle apprenant à Diana comme pages, comment être une détective. Mais j'ai réalisé que nous n'avions que 48 pages, et que nous devions avancer. Et je voulais donner le sentiment que les hommes étaient tout aussi piégés par le système que les femmes. Mais encore une fois, je n'avais pas le temps de montrer ça en autant de détails que je l'aurais voulu. Le résultat, c'est que nous avons maintenant des critiques de gens qui disent qu'une fois de plus, Bill Loebs écrit des histoires violentes et mauvaises dans lesquelles les hommes sont maltraités. Mais comme un de mes amis l'a dit, on n'a pas besoin de détester les hommes pour dire qu'il se passait des choses terribles dans l'Angleterre victorienne, rien que d'après l'histoire. Sans parler du fait qu'encore une fois, on doit écrire selon le concept du personnage.

HEROES: Parlons maintenant de votre dernier projet, BLISS ALLEY. De quoi parle l'histoire?

Bill MESSNER-LOEBS: La série met en vedette un personnage qui s'appelle Wizard Walker, un sans-abri qui découvre qu'il peut voir les choses que les chats peuvent voir, toutes les choses qui sont cachées dans l'air. Il peut voir les auras des gens, il peut voir leurs esprits animaux, qui dans son cas est un rat de 15 centimètres invisible et flottant dans l'air. Et il commence à découvrir d'autres parties du monde. Il y a un monde souterrain, avec des gens qui y vivent comme des gnomes. C'est comme une fantaisie, avec un certain degré de critique et de satire sociale. C'est un grand mélange de toutes sortes de choses, jetées ensemble, de toutes les choses que je peux dessiner.



HEROES: Vous êtes récemment revenu sur WONDER WOMAN avec Mike Deodato. Comment avez-vous commencé avec lui?

Bill MESSNER-LOEBS: Je travaillais avec David Campiti, chez Innovation. Et quand il s'est fait virer de sa place d'editor en chef, il m'a dit qu'il allait fonder une compagnie qui représenterait principalement des Brésiliens, et il m'a montré un peu de leur travail. Et il m'a demandé si j'avais entendu parler d'une ouverture, car il avait du mal à convaincre les gens qu'on devrait donner une chance à ses artistes. Et je lui ai dit que nous avions continué pendant des mois sur WONDER WOMAN sans artiste régulier, et en un sens, c'est moi qui lui ait en quelque sorte obtenu le travail, bien que David ait dû faire le travail de vente. Et je crois que la partie la plus intéressante de tout ça, c'est que Mike Deodato ne parle pas anglais. Donc son partenaire et administrateur, lui lit le script debout dans son studio en portugais. Et quand on écrit à trois heures du matin, et qu'on écrit des phrases comme: "Wonder Woman blows her top" (6) ou :"Wonder Woman has a cow" (7), on se demande comment ça va pouvoir être traduit.

HEROES: Parlant de la différence entre les langues, vous a-t-il reproché le fait que vous ayez fait parler le Jaguar espagnol au lieu de portugais?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, j'espérais que j'écrivais du portugais. J'ai en quelque sorte découvert en plein milieu qu'ils devaient parler portugais. J'avais un petit dictionnaire anglais-espagnol chez moi, et j'ai essayé de trouver quelque chose en portugais, mais cette ligne !MPACT s'est effondré plutôt rapidement, et je n'ai jamais eu l'occasion de revenir en arrière et de réparer ça. J'avais un peu oublié ça. Ce qui est assez intéressant, c'est que des gens sont venus du Brésil à San Diego pour me rencontrer, et ils ne s'en inquiétaient pas, dans l'ensemble, ils étaient si excités à l'idée d'avoir une représentation de la culture brésilienne que le fait que j'ai occasionnellement tort ne semblait pas avoir d'importance pour eux.

HEROES: Mike Deodato a un style disons un peu controversé en ce qui concerne sa représentation des femmes. Qu'en pensez-vous?

Bill MESSNER-LOEBS: Hum! Et bien, c'était un peu un choc de voir Wonder Woman dans ce maillot de bain très révélateur. Mais j'ai pensé qu'on ne pouvait pas non plus en faire trop de cas. Et le fait qu'avoir Mike sur la série m'a permis de payer ma maison m'a rendu un peu plus indulgent à l'égard de son style artistique que je l'aurais été autrement. Je sais qu'il y a eu des pages qu'on lui a renvoyées pour qu'il les redessine, pour qu'elles ne soient pas si explicites. Ma femme a une théorie: elle pense qu'au Brésil, c'est un maillot de bain très décent (rire).

HEROES: Quels sont vos futurs projets?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, je vais faire BLISS ALLEY sous forme d'album, et j'espère terminer WAR DRUMS, l'histoire de JOURNEY, également sous forme d'album, ce qui semble se vendre mieux maintenant que les séries elles-mêmes. Je vais faire directement des albums, au lieu de faire des séries de magazines. Je suis, comme on dit, en grande discussion avec Vertigo sur un sujet dont je ne peux pas parler pour le moment. Et c'est à peu près tout. J'espère terminer ce que je fais à présent, et continuer à travailler.

HEROES: Quel est le dessin le plus étrange que les gens vous ont demandé de faire à une convention?

Bill MESNER-LOEBS: Il y avait un gars, lors d'une convention à Detroit, qui demandait à tout le monde de lui dessiner une licorne qui vomissait. Ça, c'était plutôt étrange. Puis il y a les dessins habituels de Wonder Woman en bondage, ce pour quoi j'essaye habituellement de trouver une façon polie de ne pas les faire.

HEROES: Sur quel personnage que vous n'avez pas écrit ou dessiné auparavant aimeriez-vous travailler?

Bill MESSNER-LOEBS: Hum! J'en ai fait un certain nombre. J'ai réalisé l'autre jour que je n'avais jamais fait Green Lantern, même si j'avais été l'un des gosses qui, à l'origine, après ses premières apparitions dans SHOWCASE, où on demandait d'écrire, avait écrit, et j'avais reçu en retour une carte postale de Green Lantern qui me remerciait d'avoir sauvé sa série.

HEROES: Que pensez-vous de ce qu'ils ont fait à Hal Jordan?

Bill MESSNER-LOEBS: Et bien, en fait, j'ai rencontré l'editor, après ça. Il m'a demandé un petit dessin, je le lui ai donné, et j'ai écrit dessus: "Merci d'avoir détruit mon enfance". et il m'a dit: "De rien".

HEROES: Et bien, merci beaucoup pour cette interview.

Bill MESSNER-LOEBS: De rien, vraiment.

Interview réalisée par Gérard Morvan

(1) Célèbre personnage légendaire américain: coiffé d'une casserole, allant les pieds nus, ce vagabond introduisit la culture de la pomme et du pommier dans le nord-ouest américain.

(2) Mercenaires allemands à la solde du roi d'Angleterre pendant la Guerre d'Indépendance américaine.

(3) Le chien de Johnny Quest, pour ceux qui ne connaîtraient pas le dessin animé.

(4) Personnage de la B.D. ARCHIE. Betty est la gentille fille, Veronica la fille riche et gâtée.

(5) En français dans le texte.

(6) Littéralement: Wonder Woman fait sauter son couvercle. En fait, veut dire: Wonder Woman sort de ses gonds

(7) Littéralement: Wonder Woman a une vache. En fait, voir ci-dessus.